« Today we live », un roman de plus sur la guerre 40-45 ? Peut-être, mais présenté sous un angle peu classique : celui d’un couple improbable formé par une petite fille juive et un soldat SS.
Lors de la contre-offensive allemande en Ardennes en 45, un curé de village croit confier une enfant à deux soldats américains : méprise totale car il s’agit de deux SS infiltrés. Se débarrasser d’elle eût été chose facile et évidente mais l’un d’eux voit les choses autrement et tue l’autre soldat pour sauver la petite.
Une cavale ardennaise s’ensuit durant laquelle l’auteur fait vivre aux deux protagonistes un huis clos avec plusieurs villageois pendant les jours de Noël. Dans une ferme isolée, ils sont alors confrontés aux différentes réactions humaines possibles en cas de crise ou de terreur. Un vrai tableau empreint d’ombres et de lumières. La chute du roman est belle et fait rêver… On aimerait tant croire que de belles histoires comme celles-ci se sont passées pendant cette guerre d’une violence atroce. A moins que ce ne soit là une histoire surréaliste née de la plume d’une auteure belge ?
J’ai aimé:
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la relation naissante entre l’adulte et l’enfant et le silence entre eux qui en dit tellement plus que tout long discours.
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retrouver le cadre de nos Ardennes et me souvenir des témoignages de mes anciens sur cette page d’Histoire qui a été la leur.
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le style fluide du récit qui se lit d’une traite.
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le regard perçant de cette petite fille qui, du haut de ses 7 ans, semble déjà si bien comprendre la vie…
Il dormait sur le dos, un bras posé en travers du front. Il remua quand il sentit l’enfant se blottir contre lui ; elle tremblait légèrement. Cette fois il ne la repoussa pas. Il entendit sa respiration devenir lente et régulière. Elle dormait, émettant parfois de petits bruits de bouche, chuintements humides de chaton. Mathias reborda la couverture dans le dos de Renée.
Quoique, parfois, ces gens se révélaient d’un courage époustouflant . Il ne fallait pas les condamner trop vite. Mais il valait mieux se méfier, et observer.
Ce qu’ils sont l’un pour l’autre, David n’en sait rien. Ils ne se ressemblent pas, mais ont quelque chose en commun, une sorte de vibration animale, une énergie farouche, qu’on ne rencontre pas souvent.