Si l’on en croit les résumés que l’on trouve sur internet, D’après une histoire vraie de Delphine de Vigan raconte l’histoire d’une amitié entre deux femmes, amitié envahissante qui devient progressivement toxique. Ainsi, à la suite des remous provoqués par son roman précédent, Delphine a beaucoup de difficultés à prendre la plume. Elle se pose des questions sur la voie littéraire de ses prochains livres : Fiction ? Réalité ? Et où est la limite entre ces deux sphères, tellement proches l’une de l’autre quand il s’agit de raconter ? Une amie, L., vient l’aider à se recentrer et la pousse à un certain choix.
Mais est-ce là vraiment la trame principale de ce roman ? Franchement, Delphine, tu as joué avec nos pieds. « Une histoire vraie »… mais vraie jusqu’où ? Et ce « D’après » qui précède… cela veut-il donc dire que certains passages sont davantage fictionnels ? Que faut-il comprendre alors ? Où faut-il lire entre les lignes ? Est-ce L. qui manipule son amie ou l’auteur qui manipule son lecteur ? Qui es-tu, Delphine ?
A une époque où seul le Vrai est crédible et fait vendre, où est la place du roman? Doit-il s’effacer devant les récits biographiques ou historiques ? La fiction est-elle désormais uniquement réservée aux séries et films qui inondent nos écrans ? Dans ce roman, Delphine de Vigan pose la question du sens et de l’existence même de la littérature. Et c’est ce qui rend ce livre fascinant.
Nous avons aimé :
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Nous laisser prendre par ce thriller où la tension monte au fil des pages.
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Voir ici soulevées les questions qui touchent au cœur de notre passion littéraire.
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Percevoir la difficulté que peuvent éprouver les auteurs à la sortie de leur roman.
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En savoir plus sur la perversité d’une relation amicale qui dégénère.
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Le génie de Delphine de Vigan, tant au niveau de l’écriture que de la pensée, qui a suscité chez nous un tas de questions.
A lire rapidement et à partager absolument, sous peine de nuit(s) blanche(s) !
Ainsi pouvais-je écouter, parler, comprendre ce qui se tissait à l’endroit du livre, ce va-et-vient opéré entre le lecteur et le texte, le livre renvoyant le lecteur, presque toujours – et pour une raison que je ne sais pas expliquer –, à sa propre histoire. Le livre était une sorte de miroir, dont la profondeur de champ et les contours ne m’appartenaient pas.
Mais tu sais, je ne suis pas sûre que le réel suffise. Le réel, si tant est qu’il existe, qu’il soit possible de le restituer, le réel, comme tu dis, a besoin d’être incarné, d’être transformé, d’être interprété. Sans regard, sans point de vue, au mieux, c’est chiant à mourir, au pire, c’est totalement anxiogène.
Je vous conseille également chez cette auteure: Rien ne s’oppose à la nuit (à lire avant D’après une histoire vraie pour mieux le comprendre), Les heures souterraines, No et moi.