Une histoire d’amour
Trop tôt commencée
Qui reprend trop tard.
Une plume
enchanteresse
poétique
moderne
désuète
envoutante
mordante.
Des mots qui
dansent,
qui s’attirent et
se rejettent,
qui PRENNENT TOUTE LA PLACE SUR LA PAGE ou
qui se font tout petits,
qui jouent, se chamaillent, se cherchent, créent, évoquent ;
des images avec des mots, des calligrammes.
C’est ainsi que Clémentine Beauvais reprend librement l’histoire de Eugène Onéguine de Pouchkine et Tchaïkovski dans son roman Songe à la douceur. Tatiana a 14 ans, elle est rêveuse et romantique, timide et idéaliste. Eugène en a 17, il est sûr de lui, charmeur, plein d’ennui, il représente le spleen de l’adolescence à lui tout seul. C’est l’été et nos deux protagonistes n’ont rien d’autre à faire que de se parler. Amoureuse, Tatiana écrit une lettre à Eugène qu’il rejettera bien qu’il semblait également épris de la jeune adolescente. Un drame terrible et dix ans plus tard, ils se retrouvent par hasard.
J’ai aimé :
- me retrouver adolescente dans la peau d’une Tatiana à l’imagination débordante qui vit des histoires d’amour à travers ses romans, dans la peau de Eugène le mélancolique qui a le mal d’un siècle qui n’est pas le sien ; [qui] se sent l’héritier amer d’un spleen ancien.
- Les références littéraires et culturelles dispersées un peu partout.
- ce narrateur narquois qui se joue du lecteur ; ce narrateur amusant qui nous fait rire au détour d’une page ; ce narrateur voyageur qui bouleverse le rythme chronologique de l’histoire et nous emmène à tour de rôle dans les méandres de la pensée d’Eugène et Tatiana, adolescents ou adultes ; ce narrateur commentateur des scènes amoureuses ; ce narrateur pudique qui laisse en suspens l’histoire des deux amoureux et qui nous invite à interpréter, à imaginer.
- Le style de l’auteur déjà évoqué, cette poésie en prose, cette mise en page originale qui suit le cheminement de la pensée humaine, des émotions des personnages.
et Tatiana, qui adore désormais sa présence,
et qui voudrait qu’il reste pour toujours,
a en même temps hâte qu’il reparte : elle trépigne d’impatience
à l’idée de se cloisonner dans sa chambre, seule,
étouffant d’amour,
et de s’adosser à la fenêtre,
libre, enfin,de s’imaginer avec lui.
Ce qui est paradoxal, puisqu’elle est avec lui.
Mais c’est comme s’il fallait qu’il parte pour mieux l’être.
On ne peut pas faire l’amour debout quand on est amoureux,
ça va pas ou quoi, la verticalité ne va plus de soi,
quand on est amoureux,
quand quelqu’un est allé nous voler dans notre ventre
le centre de gravité qu’on y gardait.